mercredi 15 avril 2009

Réussir son entretien d'embauche.

Dans un précédent article, je présentais quelques “astuces” qui à mon humble avis, peuvent aider tout chercheur d’emploi. Je me propose à la suite, de m’attarder sur l’une des étapes cruciales du processus de recrutement, à savoir l’entretien d’embauche.

En effet, l’entretien d’embauche est l’étape au cours de laquelle le recruteur a l’occasion de se faire une meilleure idée des différents candidats retenus (après tests ou étude des Cvs), mais c’est également l’occasion pour le candidat, de confirmer ou de ré ajuster l’idée qu’il se fait de son éventuel futur employeur.
Donc les choses doivent être claires: le recruteur et le candidat sont stressés, car si le premier cherche un candidat idéal pour un poste vacant, le second désire intégrer une entreprise lui permettant de s’épanouir, en mettant à profit ses connaissances et/ou compétences.
De ce fait, loin d’être une balade, l’entretien d’embauche reste un exercice à prendre vraiment au sérieux, par les deux parties.
Je n’insisterai pas ici sur les dispositions à prendre par le recruteur pour permettre à cet exercice de bien se passer, mais je vais opter pour l’approche « candidat ».
Si le Cv a permis donc au candidat de parler en quelques lignes de ses qualités et aptitudes, tant techniques qu’humaines, l’entretien sera l’occasion pour lui de mieux détailler certains points qui auront retenu l’attention du recruteur.
En général, la phase d’entretien met en face du candidat, un expert technique (généralement la personne qui utilisera la ressource) et un expert comportemental (la fonction RH, qui veille à l’objectivité du processus, et juge des qualités humaines du candidat). Elle dure en moyenne 45 minutes, trop courte on n'a pas le temps de se faire une idée réelle du candidat, trop longue on court le risque de causer, et non plus de passer un entretien.

Le but fondamental de l’entretien, est de mettre quelques détails sur des informations portées sur le Cv, ce qui implique que tout Cv devra porter uniquement des informations vraies, que l’on pourra expliquer de manière cohérente. Toute incohérence sera détectée, donc pas la peine de prendre ce risque.

Sans vouloir me substituer à tous les auteurs présents en librairie ou sur Internet, je me propose de donner juste 5 « astuces » pour réduire les erreurs que l’on constate généralement en cours d’entretiens :
1- S’informer :
Même si ca semble basique, on retrouve encore trop de candidats qui arrivent en entretien sans avoir assez d’informations sur l’entreprise. Il appartient au candidat de se renseigner sur le secteur d’activité, l’entreprise, ses produits, son organigramme, parfois même (suivant le poste) son type de comptabilité, son chiffre d’affaire, son effectif, etc...En effet le recruteur sera plus séduit s’il se trouve en face d’un candidat ayant une compréhension assez poussée de l’entreprise, ca dénote au moins d’un esprit de curiosité ; Bien-sûr, pas besoin d’avoir le détail du dernier bilan financier, sauf si l’on postule pour un poste de Directeur Financier, et encore! Mais tout de même, connaître ne serait-ce que la vision de l’entreprise, ses valeurs, son implantation, sont des atouts non négligeables pour un candidat « sérieux ».

2- Se projeter :
Il s’agit ici de savoir quel est le poste pour lequel on est convoqué, quelles sont les perspectives possibles d’évolution, quel est le niveau de responsabilité (à qui l’on reporte, et combien de personnes nous séparent du DG, combien de personnes on devra gérer par exemple). Il importe aussi de savoir quelles sont les spécificités de ce poste au sein de l’entreprise. Un comptable dans une banque ne fait pas les mêmes opérations qu’un comptable dans une entreprise de distribution, tout comme les comptabilités francophone et anglo-saxonne ont des différences qu’il semble crucial de comprendre avant un entretien pour un poste de financier. Les finances dans une entreprise locale, diffèrent de la réalité d’une multinationale, car les notions de reporting, de consolidation, pèsent de tout leur poids dans une multinationale. Tout comme le poste de commercial dans une assurance aura des spécificités que l’on ne trouvera pas dans une entreprise agro-alimentaire. On sera donc plus à l’aise si l’on se met dans la peau du poste sollicité.

3- Se renseigner :
Ici il est question d’utiliser son réseau, pour avoir des informations sur la culture de l’entreprise, les conditions réelles de travail, bref les informations qu’une entreprise ne met pas toujours sur son site web. Attention, il ne s’agit pas de se faire une idée définitive à partir de ces informations totalement subjectives, mais d’avoir assez d’éléments pour anticiper sur certains aspects, comme la tenue vestimentaire par exemple (venir en entretien en jean ne passera jamais dans une banque, mais pourrait être admis dans un cabinet de communication, suivant le poste).Quelles sont les couleurs de l’entreprise, que signifient ses valeurs, quelles difficultés a-t-elle dû gérer ces derniers mois, etc. Un candidat qui découvre en entretien que l’entreprise vient de fusionner, ou qu’elle vient de changer de Directeur Général, peut être perçu comme un aventurier. Ne dit-on pas que l’information c’est le pouvoir ? Deux jours avant mon entretien pour un poste aux Ressources Humaines à Guinness/Diageo, cette entreprise s’est séparée d’une dizaine de personnes au sein de sa Direction Financière, et je postulais pour gérer les ressources humaines des Finances entre autres Directions. Du coup, cette réalité donne une idée claire de ses priorités si l’on est retenu, et évite de parler de façon théorique, alors qu’il ya une urgence, recruter une dizaine de talents en un temps record. Pour cela, il importe de savoir pour quels motifs ces personnes ont été mises à la porte, et d'antciper sur la suite, à savoir redonner confiance à ceux qui sont restés en poste et vont travailler en se demandant à quelle date on les mettra aussi dehors.

4- Se rassurer :
Tout candidat a le droit d’être stressé, mais il importe de bien se souvenir qu’il ne s’agit que d’un entretien, le pire est qu’on ne soit pas retenu...ce n'est pas la fin du Monde non plus! Donc, pas la peine de transpirer à grosses gouttes, pas la peine de faire des veillées chez des marabouts, car on sera au moins fatigué le jour J, au pire fatigué et ruiné, en plus pour rien!
Mais plus sérieusement, le candidat doit admettre que s’il a été convoqué, ca signifie que son profil intéresse le recruteur; donc il faut rester soi-même, se sentir bien dans ses bottes, et se souvenir que c'est un échange, pas une audition de police. Une autre chose que l’on oublie parfois, c’est que l’entretien se fera pour un poste lié à ce qu’on a appris à l’école, ou même déjà pratiqué dans différentes entreprises. On ne demandera jamais au candidat d’inventer la roue, mais juste de dire ce qu’il sait, ou a fait par le passé, et peut faire s’il intègre l’entreprise demain. Si toutes ces précautions ont été prises, alors il ne reste plus qu’à savoir "se vendre" le Jour J…

5- Se vendre :
Le fameux Jour J, le candidat devra essayer d’être lui-même, il devra également penser à écouter les questions sans nécessairement se demander où se trouve le piège, penser à "réfléchir" quand même 5 secondes même si la réponse à la question posée semble très évidente. Par contre, certaines attitudes sont à importantes à prendre en compte :
• Eviter d’arriver en retard : comme beaucoup de points qui coulent de source, il est tout de même important d’insister sur la ponctualité ; il est donc vivement conseillé d’être en avance, pour avoir le temps de souffler avant l’entretien, et pourquoi pas, de se familiariser avec l’environnement, sans toutefois trop en faire (pas la peine d’aller discuter dans les bureaux ou à la cantine avec ses anciens camarades de fac ou amis travaillant dans l’entreprise) ;
• Eviter de prendre son aise trop facilement : pas besoin de s’asseoir dans la salle sans y être invité, ou de tutoyer le recruteur, même si lui le fait. Les premières secondes comptent, alors par précaution il faudrait éteindre ses téléphones longtemps à l’avance, et non pas dans la salle en demandant au jury d’attendre quelques minutes. Il n’est pas bien vu également de croiser les pieds, de regarder par terre pour "réfléchir", ca trahit généralement un grand manque d’assurance. Si la question est difficile, il vaut mieux regarder le plafond, ou admettre qu’on n’a pas la réponse, on passe pour quelqu’un d’authentique...
• Eviter de répondre à une question qui n’a pas été posée : parfois le candidat a tellement imaginé les questions possibles, qu’il se retrouve en train de parler de tout, mais sans intéresser le jury. Merci d’attendre que la question soit posée, au besoin précisée, avant de donner une réponse que l’on a en tête depuis des mois…et pas besoin de sourire, façon de dire « je m’y attendais » !
• Eviter de critiquer son employeur actuel : quels que soient les rapports que le candidat a avec son employeur actuel, il est discourtois de s’engager dans un exercice consistant à le discréditer aux yeux du jury. Car il ne faut pas l’oublier, une personne capable de tirer sur son employeur actuel, risque de le faire pour son futur employeur, un jour ou l’autre.
• Prendre la peine de valoriser le recruteur : ne l’oublions pas, le recruteur est un humain, donc a son égo propre. Même si ce n’est pas souvent admis, le recruteur apprécie qu’on lui donne l’occasion de vanter son poste, son entreprise, etc. Il est question ici de trouver pour chaque membre du jury, le « driver » sur lequel travailler un peu, question de se rendre plus proche de lui. A cette étape, le point 3 est important, car les renseignements obtenus en interne et de manière informelle, permettront de vite déceler le driver de chaque recruteur, et d’en faire un allié. Par exemple, un directeur qui a un grand portrait de ses enfants sur son bureau, sera toujours plus sensible au fait qu’on lui demande leur âge, ce qu’ils font, etc. Tout comme celui qui affiche ses diplômes sur le mur, attendra qu’on lui vante son école, ou sa formation dont il semble si fier…
• Parler de son salaire sans trop de pudeur : tous les recruteurs savent que le candidat a une idée assez claire de son niveau de rémunération souhaité, mais à chaque fois, le candidat a l’air surpris par la question sur sa prétention salariale…il n’ya pas de bonne formule, certaines écoles conseillent de parler en terme de fourchette/intervalle, d’autres recommandent de donner un plancher, ou même un montant. Le pire candidat reste celui qui dit qu’il accepte ce qu’on lui propose. Lorsqu’on applique bien les points 1, 2 & 3, on se fait une idée du poids du poste, et de ce qu’il vaut en interne. Maintenant le risque est de donner un plancher qui soit rejeté, et d’accepter la proposition de l’entreprise au final, on passe pour un simple bluffeur. Personnellement, je recommande aux jeunes chercheurs d'emploi d'avoir une idée de leur valeur sur le marché, et d'admettre que les premières années servent à payer ses factures, et à se faire la main. Pas besoin de choquer en demandant un salaire devant servir soit-disant à rembourser les parents pour leurs efforts en terme de frais de scolarité. Non seulement ils ne faisaient que leur devoir, mais en plus, on ne parviendra jamais à rembourser les parents, sauf peut-être en réussissant dans la vie! Soit on donne donc un plancher en sachant qu’on n’acceptera rien en dessous, soit on donne une fourchette en indiquant qu’on affinera l’ensemble suivant le détail de la proposition qu’on recevra.
Il est important toutefois de savoir que si les entreprises françaises ne mettent pas grand-chose dans le salaire mais dans les avantages, les anglo-saxons négocient en terme de package, montant qui intègre tout ou presque (salaire et périphériques).
• Toujours avoir une question pour la fin de l’entretien : bien entendu, il vaut mieux que la question soit pertinente, et il n’est pas nécessaire qu’elle porte sur un domaine technique. Demander à un DRH comment il a géré la fusion, ou la dernière grève, demander au Directeur Financier comment il compte réduire les charges en cette période de crise financière mondiale, demander au Directeur technique s’il a l’intention de changer le mode de production afin de tenir compte du développement durable, sont des astuces permettant de démontrer qu’on est au fait de l’activité. Mais demander également à un recruteur ce qu’il pense d’un sujet d’actualité, ou simplement s’il peut parler de sa brillante carrière, de ses motivations lorsqu’il a intégré l’entreprise, c’est caresser un peu son égo, ce qui est rarement source de problèmes.
• A la fin de l’entretien, il importe de demander quelle sera la suite de la procédure : prochaine étape, date, etc. il est juste malvenu de trop relancer par la suite, pour obtenir son feed-back, c’est très peu apprécié. Et pour les plus malins il n’est pas interdit de tenter une sortie qui restera à l’esprit du jury. Un candidat qui termine en demandant à quelle date il commence, peut soit choquer, soit être très apprécié du jury, suivant son sens de l’humour (celui du jury bien-sûr)…
Pour la petite histoire, mon Dg actuel a terminé mon entretien d’embauche dans son bureau, en me disant que ce serait à moi de trouver les motifs de ma démission! J'ai mis quelques secondes avant de comprendre ce que ca voulait dire, et j'ai formulé ma lettre de démission en attendant de recevoir la décision du jury. C'est pour dire qu'il faut aussi être attentif et décoder certains "lapsus", comme un recruteur qui en parlant du contenu du poste, cesse d'employer le conditionnel, et vous dit "vous aurez ceci à faire dès le mois X, et ensuite je vous confierai cela"! C'est le signe que dans son esprit, vous êtes LE bon candidat. En général, seul le recruteur ayant la poids le plus fort dans le processus de décision, peut se permettre ce type de lapsus verbal. C'est donc aussi un exercice, que de vite détecter qui il faudra rassurer le plus, pendant l'entretien, car au final, il est question de ca, rassurer et faire comprendre au jury qu'en plus de vos qualités techniques (que l'on trouve partout), vous avez ce plus permettant de bien vous intégrer dans l'équipe.

Alors, bonne chance à chacun!

2 commentaires:

Ekoman Hervé a dit…

Très instructif toutes ces étapes pour un entretien d'embauche ! En réalité c'est une grande découverte pour moi qui n'avais jamais fais un entretien d'embauche . Ceci me sera d'une très grande importance dans ma recherche d'emploi . Merci de tout coeur pour tous ces éclaircissements .Que Dieu seul continue à vous donner davantage l'inspiration nécessaire pour venir en aide à la génération des chercheurs d'emploi. Oh fait je n'ai pas vu la partie présentation d'un CV . Merci encore Mr DPN .

NEL NKWEMI MFANDA a dit…

Mr DPN

Je viens de lire votre article donc le titre est "réussir son entretien. il est très riche en enseignement, à mon avis. j'y ai decouvert beaucoup d'élément que j'ignorais et qui surtout ont été à l'origine de mes echecs. Grace à cet article je suis convaincu que les prochaines expériences ne pourraient être que gagnante pour moi.
je souhaite aussi que beaucoup de candidats(debutants et expérimentés) à l'emploi lisent cette article.

Merci infiniment.