mardi 6 janvier 2009

Le problème de l'Emploi.

Il ya quelques semaines, lors des échanges sur le forum des anciens de mon université, un débat a été ouvert sur le problème de l'emploi au Cameroun.
Ce qui revenait de façon générale, c'est que l'emploi était très difficile pour les jeunes diplômés, et nécessitait absolument des appuis et/ou soutiens de toutes sortes.

A la fois parce qu'il s'agit d'un domaine que j'ai eu la chance et le plaisir d'apprendre à l'Université, et d'autre part parce que je le pratique, le sujet sur l'emploi ne peut que susciter mon interêt.

En répondant donc à mes pairs, j'ai tenté de drésser en 10 points, une sorte de synthèse de ma compréhension de la réalité, qui n'est pas propre au Cameroun, il faut se le dire:

1- Le diplôme, contrairement à la culture biaisée héritée de nos colonisateurs français, n'est qu'une présomption de connaissances (et même pas vraiment de compétences). Le major d'une promotion (et je le comprends de plus en plus en entreprise) est généralement celui qui a pu mieux que les autres, étudier et restituer les connaissances reçues de ses enseignants. Cessons donc de penser et d'avancer que parce que nous avons des diplômes, nous allons nécessairement trouver du travail à la sortie de la fac. C'est des discours politiques lancés durant les campagnes électorales, reveillons-nous!
2- Les entreprises aujourd'hui fonctionnent presque toutes sous le mode du capitalisme, cela veut dire que des personnes prennent le RISQUE d'investir leur argent dans un business, pour que cet investissement produise des dividendes. Si quelqu'un veut faire du social, il a une large gamme de choix, entre les églises et les associations caritatives; alors si un actionnaire met des sous dans une entreprise, c'est pour supporter les charges permettant de lui faire des chiffres et de multiplier cet argent;
3- Ces deux réalités semblent rendre obligatoire le constat qui suit: les entreprises (au Cameroun ou ailleurs) auront toujours tendance à recruter des personnes supposé es compétentes, pour leur permettre de faire des résultats et de satisfaire les investisseurs. Cela pose le problème du choix des salariés. On regardera (parfois par paresse) le diplôme, mais de plus en plus on est tenté de regarder aussi (surtout?) l'expérience, qui est l'étape d'après la connaissance, car il s'agit de parler de ce que le candidat a fait, et non plus seulement de ce qu'il SAIT faire;
4- Il ya des entreprises, des postes aussi, où l'on met en avant la nécessité de prendre des personnes inexpérimentées, mais dotées d'un potentiel important, que l'on "formatera" en quelques mois (vous êtes au courant des programmes Graduates lancés au Cameroun par BAT, Maersk, Guinness, Barry Calebaut, etc.) Mais il yaura toujours des situations qui imposeront aux entrerpises de chercher des compétences déjà opérationnelles, au détriment des jeunes diplômés;
5- Une des choses qui me fait peur de nos jours, c'est la facilité avec laquelle certaines personnes pensent qu'il faut nécessairement avoir un piston (un oncle, un pasteur ou je ne sais quoi) pour trouver un emploi chez nous. Déjà la dicrimination existe partout, qu'elle soit positive ou négative. A compétences égales on est tenté de préférer un candidat à qui l'on trouve une similarité (ethnie, réligion, école, parfois même c'est juste le sport pratiqué, ou alors la couleur des yeux). Mais cela suppose que le candidat ait traversé les étapes précédentes du recrutement, et si on me dit que cela n'existe qu'au Cameroun, j'aurai les larmes aux yeux; qui parmis nous accepterait de mettre un cousin à la caisse de sa boutique, si l'on sait qu'il n'est pas un bon gestionnaire? ??
6- Ceci implique donc qu'il faudrait que nous cessions de penser que parce que nous sommes anciens de la même école, il faille se faire recruter par nos aînés...même à Harvard il ya des cancres (la preuve tangible est le Président sortant d'un pays que je ne cite même pas), donc l'appartenance à une école pour moi n'est pas un critère de choix à la première étape du recrutement. Il faut faire ses preuves! Cela passe par des stages (rémunérés ou non), mais le but est de rendre le Cv attirant.> Je connais des personnes brillantes qui ont fait toutes leurs études dans des universités d'Etat, et qui sont de hauts cadres (encore qu'il faudrait s'assurer que devenir haut cadre est un critère de réussite, chacun ayant son modèle de réussite en tête il me semble); L'ancien peut donner des informations exlusives sur le forum de son école, c'est de bonne guerre, mais de là à ne pas se casser la tête en pensant que l'école ou son réseau d'ancien nous trouvera un emploi, je pense que c'est un peu réducteur, et cela n'honore pas la fonction Ressources Humaines;
7- Combien d'entre nous réagissent aux offres d'emploi??? Combien d'entre nous cherchent vraiment les informations? Combien d'entre nous font de la recherche d'emploi, un emploi à temps plein, qui demande méthode et rigueur (sans parler de l'investissemen) ??? > Combien d'entres nous ont investi pour aller à promote entrer en contact avec des entreprises? ?? Nous devons devenir à la fois des Marketistes qui fabriquent et défendent leurs marques, et les vrais maîtres de nos destins, telle est ma conception des choses; nous allons sur internet et ne visitons pas les sites tels que ceux des cabinets de recrutements, les entreprises en plein développement, les organisations internationales ou autres...nous avons du temps et ne pensons pas à faire des blogs qui nous vendent bien, à nous inscrire sur des sites professionnels très courtisés par des chasseurs de têtes par exemple. Nous allons parfois jusqu'à avoir des préférences sur les entreprises où nous désirons travailler, ou pire, les villes où nous aurons u mal à être motivés (je parle uniquement descas rencontrés en entretien, je vous assure)> La capacité d'adaptation étant un critère important, nous devons nous adapter à notre époque, et utiliser les moyens de ladite époque. Si l'ont remet un Cv papier à un recruteur, il l'utilisera l'instant d'après pour écrire quelque chose, et mettre à la poubelle ensuite. Parce que de nos jours le support papier ne passe plus (soit cela favorise la déforestation de nos pays, soit cela encombre). Forums, sites internet, associations, etc. Et lorsque nous envoyons nos Cvs, faisons quand même l'effort de nous souvenir qu'il s'agit d'une vitrine, et pour cela allons lire tous les conseils qui existent sur l'élaboration d'un Cv attrayant au regard, qui donne envie de conoquer le candidat (ne mettons pas la photo si elle montre une personne sortant du sommeil, corrigeons ou faisons corriger les erreurs de français, mettons en avant les points forts au lieu de trop détailler les expériences sans grande valeur ajoutée pour le recruteur, etc.)
8- Nous ne pourrons pas tous travailler, c'est d'une évidence certaine! Le taux de chômage n'est égal à zéro nulle part même pas dans les pays scandinaves. Ensuite nous ne pourrons pas tous travailler dans des bureaux, commencer comme cadres, dans une multinationale, gagner des millions même en une vie entière.> On commence quelque part, et on ne commence pas à chercher le travail le jour de sa soutenance, mais le jour où l'on décide de s'inscrire dans une université, puisqu'on se renseigne (en principe) sur les débouchées de la formation que l'on a décidé de suivre. Je me souviens de certaines personnes qui riaient quand je portais des bagages à Centrale Voyages pendant mes congés d'été pour payer ma chambre l'année suivante, car "un étudiant de la Kto ne peut pas faire ce type de stage". > Nous sommes la somme de nos expériences, et si nous désirons vraiment devenir de grandes personnes, alors battons nous pour avoir de grandes expériences, c'est ce qui intéresse le recruteur, puisqu'il ne fait pas dans du social, mais veut une personne qualifiée, capable de se mouiller le maillot pour faire sourire les investisseurs en fin d'année; arrêtons donc d'aller faire des stages dans des structures qui ne nous apprennent rien et nous retribuent cher pour rien. Commençons par vérifier que ce que nous faisons va en droite ligne avec nos aspirations, et nous fera avancer;
9- La curiosité est un force inestimable: aujourd'hui encore, on a des candidats qui arrivent en entretien sans se renseigner sur l'entreprise, ses missions, sa grille de salaire, autant de choses basiques, qui choquent le jury lorsque le candidat démontre qu'il s'en fout, qu'il veut juste trouver un emploi. Un candidat qui arrive, vous parle pendant une heure et La Camerounaise des Eaux et se rend compte à la fin de son speech qu'il est en face du DRH de Camwater! Mon mentor m'expliquait qu'i faut même se renseigner sur les déviances du DG, le nom de sa maîtresse au besoin, la couleur des murs de l'entreprise, bref se mettre en position de salarié avant même de le devenir, cela fait plaisir au recruteur, sauf quand on en fait trop aussi c'est clair;
10- Comme un produit (je n'ai toujours pas compris pourquoi les gens sont susceptibles quand ils se font traiter de produits issus d'une école de formation), nous devons cesser d'avoir peur. On commence à penser sécurité de l'emploi, sans même avoir un emploi. > La sécurité de l'emploi n'existe plus, même dans la fonction publique (les bailleurs de fonds demandent de plus en plus aux Etats de réduire leurs effectifs), c'est l'employabilité qui compte désormais. Etre capable de se mettre toujours à jour, rester sur le marché, se remettre en question, intérroger des personnes fiables autour de soi, s'inspirer des expériences positives des autres. > > Se vendre, avoir confiance en soi, avoir les bonnes informations aux bons moments, savoir se vendre, être alerte (pour ne pas dire vif), savoir se faire remarquer, se rendre indispensable, savoir s'adapter, se vendre, se remettre en question, définir clairement ses objectifs de vie, se donner les moyens de sa politique, ne pas rêver, sont à mon humble avis des conditions sine qua non à respecter pour trouver ET garder un emploi. > > Vous remarquerez que "se vendre" vient plusieurs fois, c'est à déssein, car les réseaux, les cercles d'amis, les blogs sur la toile mondiale, la disponibilité , font désormais partie des techniques de recherche d'emploi. Maintenant on peut aussi faire un Bac + 20, à condition d'être bien certain de savoir quelle en sera la valeur ajoutée. C'est un choix, tout simplement.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je trouve cet "exposé" sur le problème de l'emploi au Cameroun interessant au plus haut point car il s'agit du point de vue d'un DRH et il sera édifiant pour les jeunes chercheurs d'emploi. Je suis moi même diplômé (Bacc+5) à la recherche de boulot et je suis (doublement)concerné par cette question. Dans mes recherches je suis confronté à trois principaux problèmes:

1. Le manque d'information et ce n'est pas force de ne pas chercher et pour preuve je me trouve sur ce blog!!! Les sociétés camerounaises ne sont pas pas assez présentes sur la toile.
2. Il ne faut pas se voiler la face et tenir compte du contexte trouver un boulot au Cameroun sans piston relève plus de l'exception à la règle générale.
3. "...années d'expérience" ...

Je trouve ce blog très interessant à double titre par son contenu et je conseillerais sa lecture à tous mes compagnons. En plus cela me servira sûrement dans l'avenir lors de notre rencontre ( cf. point 9), merci du conseil!

Allez de l'avant,

Y. Shandini