Bonjour à Tous,
En début de semaine tous les journaux ont vendu avec ce titre en première de couverture (Limogeage du Gouverneur de la Béac), tout comme en fin de semaine le départ du DG de Aes Sonel (en plus de quelques membres du Top Team) a fait la une même des journaux qui ne paraissent que lorsque les éditeurs parviennent à s'endétter un peu au quartier.
Personnellement j'hallucine complètement face à cette excitation médiatique, qui au lieu d'analyser pour ensuite informer, ne fait que présenter un non évènement, tant ces limogeages ne présentent aucun caractère économique, mais une orientation politique.
Si le Top Team de Aes Sonel semble payer pour son laxisme quant à l'avancée des gigantesques chantiers énergétiques (lesquels chantiers, avec le lancement de l'activité minière, sont attendus par le Président de la république pour voir la croissance de ce pays faire un bon en avant) le cas de la Beac est presque risible, de mon point de vue:
1/ En effet il est aujourd'hui établi que ces détournements constatés au bureau BEAC de Paris (environ 19 milliards de nos CFA) ne se sont pas produits sous la gouvernance de l'actuel Gouverneur, bien au contraire, c'est lui qui a initié les enquêtes qui ont permis d'établir les faits/causes.
2/ Par contre, et c'est là où ca devient passionnant, ce limogeage sans façon, est bien la preuve que le poste de Gouverneur est essentiellement politique, comme beaucoup de postes dans plusieurs organisations. Il fallait un coupable, un fusible a été trouvé. Il fallait calmer Obiang Nguéma devenu super turbulent depuis que la manne pétrolière a été découverte dans son pays; il fallait aussi pour Ali, prouver qu'il est différent de son père (le feu OBO avait dit que son vivant, on ne lui imposerait pas de démettre un Gouverneur de la Béac, sans motifs clairement établis).
3/ Ali Bongo paie ainsi son ticket d'entrée dans un monde sans pitié, celui du Pouvoir; en plus dans son camp, il siège désormais à la table où se trouvait son père, avec ses tontons, qui détestaient cordialement son père. Il se sent donc obligé de faire profil bas, les comptes ne se règlant jamais en début de partie. En politique comme au Poker, il est prudent au départ de jouer la carte de la non agression, surtout si on sait qu'on bénéficie d'un facteur non négligeable dans cette zone Cémac, à savoir l'âge!
4/ Le départ du Gouverneur de la Béac pour moi est un coup de tempête dans un verre, le problème de la Béac ne se situant pas au niveau de son Gouverneur, mais bien au niveau de son utilité, de ses missions, et de son organisation. Les nouveaux riches veulent avoir une meilleure place à table; la Guinnée Equatoriale, pour un oui ou pour un non, brandit la menace de sortir de la zone économique CEMAC, de se retirer de la zone CFA, etc...les gens devraient plus souvent se reférer à l'histoire, et admettre que le pétrole fait plus de mal que de bien, surtout s'il apporte dans un pays, une richesse qu'on ne s'est pas préparé à gérer.
5/ Une remise en question profonde de la Béac, et même des relations entre les chefs d'Etat de la zone, serait la bienvenue, alors qu'on cesse de distraire le peuple, en lui faisant croire que c'est en changeant de Gouverneur que les vrais problèmes de la Béac (effectifs pléthoriques, taux d'interêt trop élevés, organismes de contrôle fantaisistes, style de management obsolète, clanisme accentué) vont s'estomper, comme neige au soleil.
Quant à Aes Sonel, je pense que les prochains jours confirmeront ma pensée, qui est de dire que Rio Tinto et beaucoup d'investisseurs ont du mal à apporter leurs capitaux dans un pays om l'énergie fait autant défaut. Vous pouvez me croire, ce type de sanctions se prépare pour beaucoup d'autres secteurs et/ou entreprises stratégiques.
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