mercredi 29 juillet 2009

Le cri de la diaspora camerounaise.

Dans la perspective de la visite du Président camerounais en France la semaine dernière, la Diaspora camerounaise a engagé un travail de lobbying jugé par certains excessif, et par d'autres déplacé même, mais qui visait à dénoncer des situations qu'elle trouve intolérable au Cameroun, tant dans le domaine de la démocratie que dans celui de la bonne gouvernance, et j'en passe.
Suzanne Kala Lobè, journaliste émérite (c'est un point de vue personnel) ayant la particularité d'avoir vécu à l'étranger avant de rentrer dans son pays, a rédigé une lettre à l'attention de nos soeurs et frères vivant à l'extérieur, pour leur demander pratiquement de reviser leurs angles d'attaques, de refreiner leurs dogmes et de parler de ce qui est actuel, ce qui suppose de vraiment être au fait de la réalité du camerounais de 2009.
J'ai lu cette lettre et ce n'est pas parce qu'elle est écrite par une femme pour laquelle j'ai de l'estime, que je pense qu'elle est juste et vient à point nommé. J'ai simplement constaté en la lisant, que son analyse rejoint la mienne, sur le fait qu'on change très rarement une situation en évitant de la vivre.
Certes nos frères de la diaspora ont une idée du Cameroun, qu'ils se font durant quelques séjours qu'ils font au pays, soit dans leurs familles soit dans des hôtels. Il est clair que l'accueil dans un aréroport dit international, est un indicateur précis du niveau de la mentalité des gens, mais au final, il ne sert à rien de se plaindre, et de se limiter à la critique. Je trouve personnellement difficile à admettre, le fait que les membres de la Diaspora pour la grande majorité (mais pas tous) diabolisent le pays, leur pays, sans accepter que certains points ont évolué tout de même, sans reconnaître que le potentiel du pays peut permettre au Cameroun de devenir une réelle puissance économique, pour peu que certaines règles soient mises en place, et également que l'on cesse de vivre de manière fataliste.
La Diaspora devrait jouer son rôle, à savoir apporter des idées et des moyens découlant de son expérience à l'étranger, de son mélange de cultures. La Diaspora devrait également être le premier ambassadeur du Cameroun à l'étranger, et non pas confirmer une idée que se font (ou veulent se faire) les afro péssimistes, d'un continent maudit, laxiste ou je ne sais quoi.
Selon moi il ne sert à rien de fustiger un système en faisant des discours. C'est une étape je le reconnais, mais une étape qui peut s'avérer rapidement insuffisante.
Pourquoi ce serait au Président Sarkozy sur la demande de la Diaspora, de dire au Président d'un Etat souverain, quel type de démocratie il devrait mettre en place dans son pays? Pourquoi il ne serait pas de bon ton de remettre chacun à sa place, et de dire assez fort de quelles potentialités dispose le Cameroun, tant sur le plan énergétique, que minier, pour ne pas parler des ressources humaines exceptionnelles dont dispose ce pays de 20 millions d'habitants?
On dit généralement que les autres pensent de vous ce que vous leur montrez vous-mêmes, alors si nous ne croyons pas en notre pays, j'ai peur que personne ne se sente obligé de le faire à nos lieu et place.
Les Etats dans lesquels se trouvent nos frères, ont mis du temps pour parvenir à ce niveau de démocratie, et sauf erreur de ma part, aucun pays au monde n'a atteint une étape de démocratie parfaite, sinon Bush Junior n'aurait pas eu à voir son frère accusé de manipulation lors des élections le conduisant à la Maison Blanche il ya quelques années.
Cessons un peu de parler, ou alors parlons dans un but clair, celui de construire. Demandons nous non plus ce que le pays peut ou doit nous apporter, mais ce que nous pouvons et devons apporter au pays. Si chacun de nous paie la scolarité aux meilleurs élèves de l'école primaire de son village, il mettra en place un meilleur système de méritocratie, et participera ainsi à sa façon, à aider la Ministère de l'Education et le pays tout entier. Soyons donc républicains, patriotes, et que sais-je...mais de grâce, cessons de tomber dans le piège tendu par d'autres, qui consiste à nous faire croire que nous n'avons aucune valeur. Nos universités ont les défauts qu'on les connaît, mais forment aussi de brillants intéllectuels qui de plus en plus, n'ont pas besoin d'aller ailleurs pour relever le défi de la performance. Nous avons des hôpitaux qui traitent de maladies si rares et complexes, mais pourquoi nous pensons que c'est absolument en allant ailleurs que nous serons plus aptes à guérir.
Si on se limite juste à dire que le Ministère de l'Education ne fait pas son travail, j'ai bien peur que l'on n'avance pas d'un iota, puisqu'on sera en train de dire aux gens, ce qu'ils savent déjà et ceci depuis longtemps.
Je ne pense pas qu'on commence à croire en Dieu seulement le jour où on est baptisé, donc ne pensons plus qu'il faille occuper des postes dans la République pour commencer à construire le pays. Que chacun fasse ce qui est possible à son niveau, aussi petit qu'il puisse le considérer ce niveau.
Si fondamentalement on me dira que les camerounais de la diaspora se retrouvent hors de chez eux parce que le pays n'a rien mis en place pour les garder chez eux, je dirai que le problème pourrait se comprendre aussi à l'inverse. C'est peut-être parce que les enfants d'un pays partent tous, que ce pays ne se développe pas. L'exode rural dans nos campagnes en est la preuve réduite non? Nous quittons nos villages et dès que nous "réussissons" en ville, nous créeons les associations des élites du village en ville, sans jamais aller construire des salles de classes ou des adductions d'eau au village, ou proposer des projets viables capables d'occuper la jeunesse qui n'a pas eu les moyens de s'exiler en ville. Pire encore, on est content de retourner au village dans des voitures énormes, fumées et chères, et de traverser des populations à pied, des rivières et trous qu'on aurait pu reparer.
Mettre au grand jour ce qui ne va pas me semble respectable, mais si on sortait des discours pour passer à l'action? Et ca suppose qu'il faille quand même admettre que certaines choses ont évolué, peut-être pas à la même vitesse que dans d'autres pays, mais comparaison n'étant pas raison, concentrons-nous sur ce que nous voulons et devons impérativement faire de /pour notre pays, et faisons-le.
Mettons en place des espaces de débats, faisons de la construction de notre pays le leitmotiv de chacune de nos actions, et ne nous disons plus de façon pédante que dès que nous serons aux affaires, nous changerons les choses. Tout système a ses réalités et il vaut mieux être dans une cuisine pour apprendre à préparer, et comme dit un homme politique, la capitale du Cameroun c'est Yaoundé, pas Paris. Façon ironique de dire que les vrais combats de boxe, se font sur le ring; en dehors, il n'ya que les spectateurs qui crient.

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