S'il ya au moinsune certitude qui ne souffre d'aucune polémique, c'est l'affirmation selon laquelle nous sommes mortels. Mais en même temps, de vivre chaque seconde avec cette certitude finit par être comparable à vivre avec une épée de Damoclès sur la tête, au point où nous commencons à ne plus vouloir admettre cette réalité qui s'impose à nous: un jour où l'autre nous allons rendre l'âme!
J'introduis ce message de manière si laconique, car depuis quelques semaines, je vis (et je ne suis pas le seul) avec tristesse la disparition de personnages illustres. Pas que ces personnages ne devaient pas un jour partir dans l'autre monde, mais juste que leurs disparitions constituent des pertes énormes, je veux parler du Père Jésuite HEBGA, et du Professeur Sévérin Cécile ABEGA.
La douleur est certainement plus grande parce que j'ai eu l'honneur de rencontrer les deux illustres personnes, au cours de mon passage à L'université Catholique, et même que le second a eu la charge de me modéler en Première et Deuxième années.
Concernant le Père HEBGA, je n'ai pas eu besoin d'aller à l'Université Catholique pour le connaître, apprécier ses argumentaires et admirer son énergie intellectuelle; au moment où mon esprit commençait à s'ouvrir et que le jeune adolescent que j'étais débutait dans le questionnement de soi et du Monde, les oeuvres et recherches du Jésuite ont été des pilliers lors de mon avancée. J'ai assisté à certaines de ses conférences, bravant parfois la nuit pour aller à la Cathédrale l'entendre expliquer la rationnalité des phénomènes qualifiés (à tort ou à raison) de mystiques. En l'écoutant, j'ai commencé la philosophie avant la Terminale, et j'ai surtout appris à me poser les bonnes questions, tant et si bien qu'au fil de mon évolution dans la vie, j'ai essayé de toujours mettre en pratique les trois grands pilliers d'une vie réussie, la pensée, la parole et l'action, et ceci dans l'ordre.
M'étant rapprochés des jésuites dont certains étaient mes camarades de classe à l'Université, il m'est arrivé de prendre le petit-déjeuner avec ce brillant penseur, et de partager donc sa source qui semblait intarrissable, en ce qui concernait le savoir, la connaissance du Monde et de ses "mystères".
Aujourd'hui parti, le Père HEBGA aura au moins eu le plaisir d'être célébré de son vivant, car les anciens élèves du Collège Liberman ont organisé une cérémonie bien spéciale il ya quelques mois, pour lui rendre hommage de son vivant. C'est d'ailleurs peut-être pour cela que lors des cérémonies de mise en bière, les nombreux participants ont respecté sa vie, qui était modeste et surtout très éloignée du bruit.
La seconde perte (dans l'ordre chronologique et non pas nécessairement émotionnelle), est celle de l'auteur des "Bimanes"; le brillant scientifique (Anthropologue) Séverin Cécile ABEGA ne fera plus sourire les étudiants des amphi théâtres, par son ton franc et ses exemples toujours pris à propos. Il ne trainera plus son pas en entrant par devant, tenant un bout de papier sur lequel n'est mentionné que le programme de la séance (car le "grand prof" ne lisait pas de textes pendant ses séances de cours).
Ceux qui doivent le plus souffrir en ce moment, ce sont les étudiants dont il s'occupait de la thèse, qui n'auront pas eu le plaisir et l'honneur d'aller jusqu'au bout avec l'une des plus grandes bibliothèques du Cameroun, voire d'Afrique.
En entrant à l'Université nous ne savions pas ce qu'était l'Anthropologie (pour beaucoup c'est d'ailleurs toujours le cas), mais en découvrant le talent du personnage, son aisance et sa maîtrise des sujets, ses exemples et son ton protecteur, nous avons fini par penser que cette matière allait nous servir, même si nous ne savions ni quand, ni où...
C'était donc avec plaisir que nous nous mettons face au prof, que nous notions les points clés de son exposé, que nous levions les mains pour poser des questions parfois juste pour l'écouter nous démontrer des faits que notre naïveté nous refusait parfois d'admettre.
Ces deux hommes ont rempli leurs missions sur Terre, le Seigneir leur a donné leurs visas pour passer la frontière, vers un lieu d'où personne n'est encore revenu nous en donner la description.
Puisse la Terre leur être légère, et les anges les accueillir comme ils le méritent.
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