Partir, c'est se re découvrir.

Le jour où j'ai annoncé à un proche que je quittais le Crédit Lyonnais Cameroun (mon premier employeur), il m'a félicité puis m'a dit d'un ton rieur, que comme certaines actions, pour ce qui est de la démission, seule la première est douloureuse.

Je ne savais pas alors que j'allais lui donner raison aussi vite (exactement 19 mois) lorsqu'il faudrait déposer ma seconde lettre de démission.

De par notre éducation à l'africaine, et encore plus à cause de la colonisation française, nous sommes héritiers d'une culture de la peur, qui fait en sorte qu'on pense toujours qu'une bonne carrière est celle qui se fait dans une seule entreprise.

Comme le débat sur le sexe des anges, je pense qu'il n'ya pas lieu d'argumenter sur la meilleure manière de bâtir une carrière. Certains font de brillantes carrières en travaillant toute leur vie pour la même entreprise (je me permets de citer une personne que j'admire sur ce plan, Monsieur André Siaka, DG des Brasseries du Cameroun), et il ya une nouvelle génération de loups, qui passent d'une entreprise à une autre, avec une moyenne de deux ans, et qui s'en sortent aussi bien.

Les théoriciens actuels des Ressources Humaines estiment qu'un cadre qui passe deux années dans une entreprise, est plus facilement prompt à partir, sauf si son employeur lui offre de nouveaux challenges (une autre école parlerait d'une bonne augmentation de salaire).

En tout cas moi j'ai passé 4 années au Crédit Lyonnais, j'ai eu même peur d'accepter une superbe oportunité chez Guinness Cameroun, et après de longues heures de débats et de réflexion, j'ai accepté ce challenge.

19 mois après avoir rejoint Guinness Cameroun, j'ai eu l'opportunité de croiser sur mon chemin, une entreprise qui se trouvait au stade de projet, mais dont le potentiel m'aurait fait travailler même sans salaire, tellement la projection était impréssionnante.

J'ai donc décidé de partir vers Geovic Cameroon, de sortir de ma zone de confort, de revenir dans une ville que j'avais quitté il ya 5 ans après mes études universitaires, de me refaire des amis, etc.

Partir n'est pas nécessairement une fuite, encore moins une fuite en avant; mais parfois c'est une opportunité d'éprouver sa capacité à accepter le changement et non à le combattre, sa capacité d'adaptation, et surtout sa capacité à relever de nouveaux challenges.

J'ai donc porté mes bagages, pris la route et posé mes sacs à Yaoundé. J'ai accepté le challenge de participer à la mise en place de la première société minière du Cameroun, mais surtout d'y mettre en place une culture, des procédures et un standard dans le domaine des Ressources Humaines. Ce type de décision demande en général une grande confiance en soi, en son potentiel, et également un courage car le risque est grand.

Mais que vaudrait une vie sans risques, et si à 30 ans on n'est pas capable de prendre des risques et de les transformer en challenges puis en réussites, alors il vaudrait mieux rester couché à la maison et attendre que le Bon Dieu ouvre ses portes.

Repartir à zéro, c'est aussi faire une profonde introspection, un vrai bilan de carrière. Mais pas le faire par simple formalisme, mais pour s'améliorer et aller de l'avant. C'est une occasion spéciale de corriger ses erreurs, et de devenir meilleur pour le restant de sa vie.

En engageant donc cette nouvelle route, j'ose pouvoir inspirer quelques personnes, à penser POSITIF, car le Monde en général, l'Afrique en particulier ont besoin de personnes ambitieuses et claires, capables de défendre leurs points de vue et leurs objectifs, et dignes face à toutes sortes de difficultés, car rien ne s'est construit nulle par, grâce à la facilité.

Pendant ma phase d'introspection totale, je me suis replongé au fond de moi, je me suis donc regardé dans un miroir, pour voir le bon mais surtout le mauvais "MOI".

A présent je dois tailler toutes les aspérités que je découvre sur ma pierre, la tailler jusqu'à lui donner une forme agréable à voir, tant par moi que par ceux qui me côtoient.

Et alors je pourrai être fier d'avoir remporté le plus dur combat sur cette Terre, celui qui consiste à s'améliorer chaque jour, et à rester si humble que les autres arrivent à se poser des questions, et finissent par comprendre que l'humilité est une force, car grâce à elle on reste conscient qu'on a beaucoup de chemin à faire, et que même si la perfection n'est pas de ce monde, on peut tout de même s'y rapprocher.